Ces derniers temps, avec ma
chorale, nous préparons un « air » du Rinaldo de Haendel.
J’ai eu l’occasion d’entendre chanter l'air« Lascia che pianga ... » du film « Farinelli", célèbre sopraniste de l'Histoire, interprété, à la voix, par Cecilia Bartoli (avec des systèmes instrumentaux particuliers et complexes qui modifient les voix )sur Youtube et j’ai eu envie d’en savoir plus.
Au XVII ° siècle, le « seicento » italien, les puissants de la terre entretenaient des chanteurs, « i castrati », qui à l’époque étaient payés autant que les rockstars et adorés comme des idoles. La période d’or de ces chanteurs particuliers, « les sopranistes » fluctue entre 1650 et 1750. Ils marquèrent la naissance de l’opéra et du mélodrame. J’ai eu la surprise de constater que c’est de Pistoia, près de Florence, que partaient les sopranistes les plus demandés par les cours européennes.
Pistoia donc comme la patrie du bel canto : c’est un descendant d’une famille de haut lignage Felice Cancellieri qui fonde dans sa ville l’Académie dei « Risvegliati »où se forment les sopranistes qui ensuite iront enflammer les théâtres et les cours de Vienne, Paris, Madrid etc...
Mais un sopraniste, c’est quoi ?
A l’époque, on disait « donner une voix à Dieu »et c’était les descendants de grandes familles nobles qui en avaient la prérogative. On m’a expliqué que le timbre de voix basse dépend de la longueur des cordes vocales et que, à l’age pré-pubère, elles sont de 17 millimètres; chez les garçons , elles doivent encore augmenter de 63°/ °. Le cartilage thyroidien augmente aussi de, au moins, trois fois le cartilage féminin. Ces transformations sont produites par le testostérone.
Conclusion : éliminons les gonades et on obtient un être hybride qui a les cordes vocales d’un enfant et la capacité pulmonaire d’un adulte ...On opérait sur des garçons de 7/8 ans, mais toujours avant 12 ans ...
Et voilà les sopranistes dit aussi castrats.
Quand la demande augmente avec la mode et l’engouement, ce ne sont plus les nobles mais les classes populaires qui fournissent le matériel humain et qui y trouvent bientôt le moyen de se soulager de nombreuses « bouches à nourrir ». Il nous reste peu de descriptions des procédures de ce genre d’opération. On sait que l’immersion dans des baignoires d’eau presque bouillante tenait lieu d’anesthésie ! On peut imaginer le nombre de décès....
Ceux qui eurent la chance de survivre eurent une existence dorée et malgré leur « infirmité » beaucoup de succès auprès des femmes.
La passion pour ce genre de voix
continua avec des hauts et des bas, jusque vers 1922, l’année où disparut le dernier virtuose, Alessandro Moreschi, qui chantait dans le choeur de la Chapelle Sixtine.
Actuellement, il existe des voix naturelles de
sopraniste comme celle de Philippe Jaroussky.