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un maudit guet- apens

par GABY 13 Janvier 2009, 12:15 2- CHRONIQUES FLORENTINES



En 1478, à la cour des Médicis, à Florence, on préparait les fêtes de printemps. Au programme: bals et tournois, joutes philosophiques et poésie. Lorenzo dei Medici (Laurent le Magnifique )et son frère Giuliano n'auraient jamais imaginé ce que vous allez lire...

Laurent par Verroccchio
 
     Depuis des mois déjà, la  famille rivale des Pazzi, alliée de Siste VI et les neveux du pape, entre autres Girolamo Riario, projetaient avec un évêque de Pise une conspiration pour éliminer les deux frères florentins et effacer le blason des Médicis. La soif de pouvoir, la haine entre puissantes familles, les rivalités et les interêts politiques divergeants, enfin l'envie qui dévorait ceux qui avaient été exclus de la cour des Médicis, donnèrent lieu à l'attentat le plus mal organisé de l'histoire .
     On décida d'abord de les empoisonner. Au cours d'un banquet à Montughi, dans la demeure de Jacopo de' Pazzi, le "boss" de la famille des Pazzi, tout avait été préparé . Mais, Giuliano dei Medici, ayant un léger malaise, s'excusa et ne vint pas...On pensa alors de profiter d'une réception, organisée par les Médicis eux- mêmes en l'honneur d'un parent, un cardinal de Gênes. Mais, là aussi, l'absence de Giuliano, qui décidemment ne jouissait pas d'une santé de fer, envoya tout aux calendes grecques.
      On commençait à s'énerver, surtout que le séjour de certains conspirateurs connus en ville pouvait soulever des soupçons, n'ayant rien à faire dans les parages . Il fallait faire vite et on prit une décision draconienne: on agirait le 26 avril, pendant la messe, dans la cathédrale de Santa Maria del Fiore (le Dôme de Florence ). En espérant que le cadet des Médicis serait enfin présent ...Le plan était simple: deux groupes de sicaires auraient entouré les deux frères et les auraient frappés ensemble au moment de l'élévation (certains disent au "ita missa est" ?). Mais les imprévus ne manquant jamais, un certain professionnel du couteau, Giovanni Battista Di Montessecco,  malgré l'attrait d'une bourse bien pleine, refusa de frapper ses victimes dans une église. On fut donc obligé de le remplacer par d'autres tueurs à gages un peu moins... religieux!  Finalement le jour J arriva: les deux groupes d'hommes armés agirent de concert. Les uns se jetèrent sur Lorenzo et le blessèrent légèrement au cou. Mais agile et rapide, Lorenzo dégaina  son épée et avec sa  longue cape enroulée autour du bras, il se fraya un passage au milieu des conjurés . Aidé par un ami fidèle Francesco Nori, Lorenzo réussit à se libérer et à s'enfermer, avec des amis dans la sacrestie. Ne sachant pas encore le sort de son frère, il attendit jusqu'à l'arrivée de  personnes de confiance et finalement découvrit le corps de Giuliano , à terre, livide, devant l'autel.

Giuliano dei Medici par Verrocchio

 
     Un autre groupe de conjurés avait, entre temps, attaqué le Palazzo della Signoria ( le siège officiel du gouvernement ), mais en voulant utiliser la ruse, ils éveillèrent les soupçons du Gonfalonnier qui les enferma dans une pièce où ils restèrent prisonniers...Le Gonfalonnier fit sonner les cloches et l'allarme se répandit dans toute la ville.
     D'autre part encore , Jacopo dei Pazzi et quelques autres conspirateurs, cherchant à soulever le peuple contre les Médicis, essayèrent de profiter de la confusion. Ils se dirigèrent à cheval vers le Palazzo della Signoria où ils furent accueillis par un lancer de pierres. Le complot avait échoué et il s'agissait maintenant de "sauver sa peau" le plus vite possible . Jacopo dei Pazzi et les siens chevauchèrent vers une des portes de la ville et disparurent dans la nuit ...
      Mais ce n'était que le début: Lorenzo n'attendra pas longtemps pour déchainer des représailles sanglantes et faire retrouver et exécuter les responsables et leurs alliés.



Laurent par Vasari
 

      Giuliano fut enterré dans l'église de San Lorenzo et plus tard déplacé dans la Nouvelle Sacristie de Michelange. Toute la ville participa aux cérémonies et ce fut un deuil public.
     En 2004, on retrouva son crâne avec une blessure profonde et des fragments d'habits encore tachés de sang.

     Le jeune Léonard de Vinci fit un croquis d'un des participants à la conjuration  pendu à une fenêtre du Palais Vieux. Il s'agissait de Bernardo Baroncelli, l'assassin de Giuliano qui s'était réfugié à la cour du Sultan de Constantinople où, en 1479, Antonio dei Medici, sur ordre de Lorenzo, le retrouva et le ramena à Florence. Léonard le représente au bout d'une corde avec un curieux vêtement turc.



 

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commentaires
S
J'ai apprécié lire ce billet, on a l'impression de lire une nouvelle policière mais avec l'avantage d'éviter tous les remplissages inutiles. Une histoire bien palpitante qui démontre une certaine cruauté des dirigeants de l'époque ou de ceux qui aspiraient à le devenir.   
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M
quelle époque ! il ne faisait pas bon d'être un paysan à cette époque, car on mourait de faim mais pas un puissant non plus.
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M
Coucou Gaby, je te souhaite un très bon dimanche ...Gros bisous,
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J
C'était une époque où il valait mieux ne pas être trop "voyant" !! la célébrité et la richesse attirait la haine et les tueurs..bisous :0010:
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J
AUjuord'hui les "joutes" sont moins sanglantes mais tout aussi cruelles..je peux t'appeler Samedi ou Dimanche...tu me dis..Gros bisous
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